« Lâcher prise avec sagesse permet d’économiser son énergie, de garder l’esprit clair, de trouver des solutions, de jouir de ce qui se vit ici et maintenant dans sa vie et enfin, cela permet d’augmenter son amour pour soi-même et les autres », Ken Keyes, thérapeute.
« Lâcher » : rendre moins tendu, cesser de retenir, abandonner une position.

Notre condition humaine : vivre dans l’incertitude
Notre condition humaine est de vivre dans l’incertitude, sauf que cette idée nous angoisse et nous fait peur, alors nous cherchons sans cesse à contrôler notre existence, notre vie, nos amis, notre famille, notre travail, notre avenir, nos enfants, pour tenter de faire taire ce sentiment.
Mais comme « rien n’est permanent, hormis le changement », nous n’y arrivons pas, ce qui accroît encore davantage notre sentiment de frustration, d’angoisse.
Petit à petit, à force, nous finissons par perdre notre calme intérieur.
Pour tenter de saisir ce qui conditionne tant notre besoin de contrôle, il convient de comprendre quels sont les grands obstacles qui créent l’empêchement au lâcher prise.
LES 5 GRANDS OBSTACLES AU LÂCHER PRISE
Il existe 5 grands obstacles au lâcher prise … et des pistes pour les dépasser.
Les croyances limitantes : les interdictions fondamentales et les messages contraignants que j'ai entendus dans mon enfance.
Les circonstances extérieures décident de notre état intérieur;
La co-dépendance à des personnes : je m’occupe du bien-être d’autrui avant de penser à moi.
Les buts que nous nous fixons : je serai heureuse quand j’aurai atteint mon objectif, je ne vis que pour mon objectif.
L’attachement à des événements négatifs ou à des situations passées, et aux émotions négatives associées : je lui en veux toujours, je regrette une époque révolue, je n’ai pas fait le deuil.
Voici en détail quels sont ces obstacles et des exercices pour les franchir ...
OBSTACLE 1 : les croyances dans lesquelles nous grandissons, les messages que nous recevons et qui nous conditionnent.
Les croyances limitantes viennent surtout de l’éducation, de l’entourage, de l’école, de la société en général. Nous grandissons avec elles et nous façonnons notre identité par rapport à elles.
Voici les 12 interdictions fondamentales que les parents répandent le plus sur leurs enfants :
Tu n’es pas autorisé à exister, à être toi-même
N’existe pas : tu es un « accident », on ne t’attendait pas;
Ne sois pas un enfant : tu es l’aîné, tu dois te comporter comme un grand;
Ne grandis pas : tu es le petit dernier, nous ne voulons pas te voir partir;
Ne sois pas toi-même : tu es une fille, nous voulions un garçon.
Tu n’es pas autorisé à ressentir et à exprimer tes sentiments
N’exprime pas ce que tu ressens : ce que tu ressens et désires n’a pas d’importance, nous ne tenons pas nos promesses vis à vis de toi;
Tu n’as pas le droit d’exprimer tel ou tel sentiment : ne pleure pas, c’est pour les bébés; Tu pleures pour si peu ?
Ne sois pas proche : joue seul, arrête de me coller tout le temps, tu n’as plus besoin de venir sur mes genoux.
N’aie pas de plaisir : tu auras le droit de t’amuser seulement si tu me fais plaisir en rangeant ta chambre (par exemple).
Tu n’es pas autorisé à agir, à penser
N’agis pas : tu risques de te faire mal; attends, je vais le faire pour toi; fais attention, il y a du danger partout;
Ne réussis pas : ne sois pas meilleur que nous, ne nous dépasse pas en intelligence, habilité, beauté, etc.
Ne sache pas : cesse de poser ces questions, tu n’as pas besoin de savoir cela.
Ne pense pas : tu ne peux pas comprendre, c’est moi qui commande, ne donne pas ton avis, tu es trop petit pour en avoir un.
Voici maintenant les 5 messages contraignants
Sois fort,
Sois parfait,
Acharne toi,
Dépêche toi,
Fais plaisir,
Pour sortir de ces conditionnements, n’hésitez pas à établir les liste des croyances limitantes auxquelles vous avez été soumis enfant.
Devenez alors un bon parent pour vous-même en vous accordant par exemple de nouvelles permissions émises de façon positives : "j’ai la possibilité d’agir, de prendre du plaisir, de m’exprimer, etc." Pour les messages contraignants, identifiez-les et autorisez-vous à être le contraire.
Les 6 clés pour changer ses croyances limitantes afin de pouvoir lâcher prise
Apporter une nouvelle vision de soi-même : là ou vont mes pensées vont mon énergie et mon attention.
1- Gardez en tête que nos pensées émanent de nous. Nous pouvons donc les contrôler, c’est à dire affirmer les choses de façon positive : « aujourd’hui, je décide de lâcher prise de mes regrets à propos de telle ou telle chose, de tel ou tel comportement ». Quand la pensée revient, la transformer en feu d’artifice et la remplacer par une pensée que l’on souhaite avoir versus une pensée imposée.
2 - On peut dépasser ses échecs, ses manques et ses habitudes limitantes en les laissant derrière soi. En effet, l’existence est faite de hauts et de bas pour tout le monde. Ceux qui ont changé leur vie de façon positive ont laissé derrière eux un passé contraignant ou lourd et tout ce qui est négatif pour se concentrer sur la création de la vie qu’ils veulent pour eux-mêmes.
3 - Dépasser la colère et l’amertume pour lâcher prise d’un passé mort en partant par exemple du principe qu’une mauvaise rencontre, un événement traumatisant, une étape importante mais difficile de votre vie vous a permis de grandir et d’avancer. Vous transformez alors la haine / l’amertume en Amour.
4 - Les mots que nous utilisons sont porteurs d’énergie, ainsi il faut choisir les phrases que l’on souhaite répéter tout au long de la journée. « Jamais je n’y arriverais » versus "je me donne les moyens de réussir » ; « J’en veux à mon ex mari » versus "Je suis sur le chemin du pardon et ressens de la tranquillité quand je pense à lui ».
5 - Il est important de rester centré sur ce que nous voulons plutôt que sur ce que nous abandonnons. Par exemple : « Je ne veux plus ressentir de colère envers cette personne » versus « je ressens de la tranquillité quand je pense à elle ».
6 - Quand nous examinons ce que nous croyons être impossible, nous pouvons changer cette croyance. Et comme le disait Mark Twain "Ils pensaient que c'était impossible alors ils l'ont fait".
RETENEZ QUE
Ce sont les pensées qui créent notre expérience de la réalité. N'hésitez pas à créer des affirmations dans le sens de ce que vous désirez, qui ont un sens pour vous-même, et les formuler au présent, à la première personne et de façon brève. Exemple : « je ne veux plus me dépêcher, je ne veux plus donner d’importance au regard des autres, je ne veux plus être parfaite, j’ai le droit d’être imparfaite, de prendre mon temps, d’être... »
Une affirmation ne change pas une croyance de base mais change le ressenti émotionnel lié à cette croyance et le lâcher prise devient plus facilement réalisable lorsque l’on a un ressenti positif.
OBSTACLE 2 : les circonstances extérieures décident de mon état. Si j’ai ce que je désire je serai heureux/se (argent, travail, amour, etc).
L’importance est ici de changer ses attentes pour pouvoir lâcher prise. Ces concepts sont empruntés à Jen Keyes, Thérapeute.
Concept phare : celui de différencier les dépendances des préférences. C’est le coeur de la démarche du lâcher prise, ou l’art de choisir les préférences plutôt que les dépendances.
Les dépendances versus...
Avoir des attentes dépendances envers certaines personnes, situations, envers l’entourage créent de la frustration, de l’irritation, de la tristesse. Certaines personnes restent bloquées dans le ressentiment pendant des années. Mais ce qui est, EST. Ce n’est pas la réalité qui crée le mal-être mais la façon dont les personnes l’interprètent associé au fait qu’elles font dépendre leur paix intérieur de leur environnement extérieur.
… les préférences
Lorsqu’une personne passe de la dépendance à la préférence, cela ne veut pas dire qu’elle renie ce qui s’est passé, mais cela veut dire que les événements qui se sont produits n’ont pas généré de tristesse, d’amertume, etc. C’est porté un regard bienveillant sur ce qu’il s’est passé. En d’autres termes, c’est être dans l’acceptation. C’est ne pas dépendre de la situation et laisser-aller. Tout au long de notre vie, nous sommes amenés à choisir entre les dépendances ou les préférences.
Questions / réflexions personnelles pour aider à aller vers des préférences plutôt que vers des dépendances :
Qu’est-ce qui me fait souffrir en ce moment ?
Qu’est-ce qui m’irrite ?
Quelles sont mes frustrations ?
Quelle est l’attente dépendante à l’origine de ces ressentis ?
OBSTACLE 3 - La co-dépendance à quelqu’un.
Ici, on se préoccupe davantage du bonheur des autres que de soi-même. On donne à l’autre la responsabilité de notre propre bonheur. En nous préoccupant d’autrui, cela nous donne l’impression de nous accepter nous-même, d’être plus en sécurité. Être en contact avec l’extérieur nous fait oublier que l’important est à l’intérieur : nos émotions, nos choix, nos désirs, nos expériences, nos intuitions.
OBSTACLE 4 - l’attachement aux buts
Les buts que nous nous fixons ne doivent pas régir notre vie et prendre toute la place, d’autant que nous pouvons être amenés à en changer. S’attacher à ses buts est un frein au lâcher prise.
RETENEZ QUE :
Ce n’est pas le fait d’avoir des buts qui est problématique, c’est l’attachement à ses buts. Cela rend triste, angoissé, la paix ne peut plus régner.
« Lorsque l’archer vise la cible pour le plaisir, il dispose de toutes ses capacités; lorsqu’il vise la cible en vue d’obtenir une boucle de bronze, il est déjà nerveux ; lorsqu’il cherche à obtenir le prix en or massif, il devient aveugle, il voit deux cibles, il n’est plus lui-même. Sa capacité n’a pas diminué, simplement, il est divisé par le prix qu’il cherche à obtenir ».
Lâcher prise à propos d’un but, c’est parfois mieux l’atteindre, dans l’accueil et l’ouverture de ce qui vient.
Questions pour reconnaitre les buts qui troublent la paix de votre esprit.
Après quoi est-ce que je cours ?
Quels sont les buts que j’ai et sont ils cohérents avec ce que j’ai envie de vivre ?
Qu’est ce que je sacrifie pour atteindre ces buts y’a t il des buts que je poursuis et qui sont dépassés, plus si importants ?
De quels buts puis-je lâcher prise ?
Il est utile de créer un rite pour illustrer ce lâcher prise.
OBSTACLES 5 ET 6 : ne pas terminer les situations.
Il s’agit ici de ne pas abandonner ce qui n’a plus lieu d’être, comme les émotions négatives, le ressentiment, la haine, le désir de vengeance.
Ne pas vouloir pardonner, voir la vie en noir, resté enlisé dans des souffrances passées, continuer à être en deuil empêchent tout bonnement de lâcher prise et d’avancer.
D’abord, soyez conscient d’être dans le négatif et listez les sentiments négatifs.
Sachez que ces sentiments sont en nous mais n’ont rien à voir avec la réalité.
Ce n’est pas aux autres de changer pour que vous ailliez mieux, mais à vous de modifier votre regard sur une situation, des personnes, etc.
En cessant de nous agripper à des illusions, nous lâchons-prise . Rien ni personne, ni une situation, ni un événement ni un contexte ne doit avoir un impact sur notre état.
Veuillez à ne pas vous identifier au sentiment négatif. Il n’a rien à voir avec ce que nous sommes au fond. Enfin, cessez de vouloir voir les autres changer. Chacun son chemin et rythme d’évolution, après tout.
A propos du lâcher prise au ressentiment
Pardonner permet de cicatriser. Certaines fausses croyances à propos du ressentiment empêchent les personnes offensées d’avancer sur le chemin du pardon :
Pardonner signifierait oublier : vous pouvez pardonner sans oublier.
Pardonner signifierait se réconcilier : vous pouvez pardonner sans revoir la personne, ni la fréquenter.
Pardonner signifierait que l’on renonce à ses droits : vous avez le droit d’avoir été blessé,
Que se passe-t-il quand vous pardonnez ?
Vous décidez de cesser de vous venger et d’avoir des gestes offensants.
Vous connaissez votre propre blessure et vous la partagez avec quelqu’un.
Vous identifiez la perte pour faire votre deuil.
Vous acceptez votre colère et votre envie de vous venger.
Vous vous pardonnez à vous même.
Vous comprenez votre offenseur.
Vous trouver un sens dans votre blessure.
Vous êtes digne de pardon car vous pardonnez.
Vous cessez de vous acharner à vouloir pardonner, vous le faites vraiment.
Vous vous ouvrez à une forme de grâce.
Vous décidez de mettre en terme à la relation, ou alors de la renouveler.
Le lâcher prise dans le pardon est une guérison. Cela fonctionne aussi pour le pardon à soi-même.
Pour tester votre avancée sur le chemin du pardon :
A qui n’ai-je par pardonné ?
Quel est l’avantage que je retire de ce lien de ressentiment entre cette personne et moi ?
Est-ce que je souhaite entrer dans le chemin du pardon ?
Suis-je prêt à me pardonner à moi-même ?
Suis-je prêt à lâcher prise ?
Voici maintenant quelques rituels et visualisations d’aide au lâcher prise que vous retrouverez dans l’ouvrage de références dont s’inspire cet article :
« Lâcher prise », dire oui à la vie, de Rosette Poletti et Barbara Dobbs
RITUELS D’AIDE AU LÂCHER PRISE
Il existe plusieurs rituels :
Les rites funéraire ;
Les rites du divorce ;
Les rites pour favoriser le lâcher prise au quotidien :
Lâcher prise de ses regrets : écrivez sur une feuille tous les regrets que vous voulez laisser derrière vous et brulez là. Vous pouvez le faire seul, en couple, en groupe.
Lâcher prise de sa vie professionnelle : rite, cérémonie qui valorise ce qui a été réalisé pour mieux lâcher prise.
Lâcher prise de ce qui a été pour aller vers ce qui vient : fêtes, célébrations, vendanges, commémorations, écrire un journal, faire mémoire, remercier publiquement, faire une exposition, valoriser ce qui a été fait jusque là.
Pour vous tester :
Quelles sont les situations par rapport auxquelles je n’arrive pas à lâcher prise ?
Y’a t-il eu des rites pour faciliter ce lâcher prise ?
Quels sont ceux qui pourraient être créées ?
Qui pourrait participer ce ces rites ?
Comment puis-je commencer ?
Source
« Lâcher prise », dire oui à la vie, de Rosette Poletti et Barbara Dobbs
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